Pe_re_Andre__Marie1.jpg Pour une Sagesse Vivante

Le 6 septembre 2014, autour d'une table ronde et accompagné par cinq "Aventuriers de l'Existence", Père André Marie partagera sa vision de la sagesse, la manière dont il essaye de la rendre vivante en lui et dans ses secteurs d'activités et de recherches. ( au Forum 104, 104 rue de Vaugirard - 75006 Paris, de 14h à 18h).

Il sera entouré par Nadège Amar, Véronique Desjardins, Hesna Cailliau, Marc Halévy et Pir Zia Inayat Khan. Ces six aventuriers de l'existence ont témoigné dans mon livre L'Avenir est en nous (Editions Dangles).

André-Marie est prêtre, moine, potier, sculpteur, conférencier, écrivain, peintre... Il multiplie ses activités pour lutter contre la misère et la faim dans le monde. Depuis quarante ans, il accueille les plus paumés dans la « Demeure » à Croixrault (80). Il est l’auteur et l’éditeur de nombreux livres : Le petit moine qui ne dormait pas la nuit ; Au-delà de la vie ; Urgence de partage ; Le jardin de mon père... Depuis plus de six ans, il anime à Radio Notre-Dame, avec Chantal Bally, l’émission « Écoute dans la nuit ».

« Notre époque... Et si on l’aimait, au lieu de toujours la dénigrer et la mépriser. Notre époque est “nôtre”. Personne d’autre que nous ne peut la rendre meilleure... »

Père André-Marie, Dame Sagesse vous a invité à sa table et désirerait mieux vous connaître.

Comment vous présenteriez-vous ?

Né dans les Flandres, d’une famille traditionnellement croyante, je ne savais pas en rentrant au séminaire à onze ans, puis dans un monastère à dix-huit ans, que je serais un jour appelé à parcourir le monde, à troquer ma cellule de moine bénédictin pour les cellules de prison, mon vœu de pauvreté monastique pour la misère la plus crasse et la plus désespérante. Je ne savais pas que je serais appelé à construire, à rénover des lieux de prière, des lieux de compassion, de réflexion, dans les pays du tiers- monde..., appelé à prier avec des croyants de toutes tendances, de toutes religions..., appelé à libérer les consciences de tant de gens enfermés dans leurs habitudes, leurs traditions, leurs croyances..., appelé par le père abbé du monastère à recevoir comme obédience d’être : « Le père des pauvres, d’ici et du tiers-monde... », appelé à faire de chaque coup de pied au derrière que la vie ou les autres me donneraient un bond en avant pour découvrir dans la compassion que, sans leur intervention, parfois un peu musclée, je n’aurais peut-être pas évolué...

Après avoir participé à une nouvelle fondation monastique, j’ai été un jour éloigné et éliminé par cette communauté. À l’époque, cela s’est très mal passé et fut extrêmement douloureux. Pendant trente ans, j’ai été mis à l’index par les autorités religieuses que je remercie maintenant. Sans cette période de souffrance, je n’aurais jamais pu écrire cinquante livres, connaître l’abbé Pierre, le père Pedro, Madagascar, Haïti, l’Inde, etc. Tout cela m’a permis de continuer à aimer « quand m’aime ». Depuis, les relations avec ce monastère se sont admirablement et fraternellement rétablies.

J’ai fait un premier noviciat au monastère. Mais les contacts avec tous ces paumés, ces exclus, ces rejetés, ces sans-noms, sans-papiers, sans-paroles, alcooliques ou drogués, que j’ai hébergés par milliers chez moi, ont été pour moi l’occasion d’un second noviciat. Ce fut une nouvelle formation à la vie, qui consiste à accepter les gens tels qu’ils sont et les événements tels qu’ils se présentent. La solution est de se tenir juste un peu à l’écart de telles situations. On devrait réapprendre à vivre dans notre société, lui sourire, y être « bon vivant » et savoir parfois, lorsqu’on n’est pas d’accord, laisser naître en nous des indignations d’amour pour se mettre en marge. En ce qui me concerne, je crois que la marge prend souvent toute la page.

Avez-vous vécu une expérience déterminante qui a modifié, changé votre parcours de vie ? Cette expérience vous a-t-elle amené à prendre des décisions qui orientent encore votre vie ?

Il y a bien des années – je devais avoir la quarantaine –, j’avais la conviction que ma vie s’affadissait. Je ne trouvais plus le « sel » qui aurait pu lui rendre goût. Un vrai malaise, dont j’ignorais la cause, m’habitait. Pourquoi, après tant d’années de vie monastique où j’avais pourtant tenté la perfection, en arrivais-je à ce sentiment de profonde désillusion ? Le centre de mon être était malade. Un jour, entrant dans une librairie, j’aperçois un petit livre intitulé : Le Centre de l’Être (1), d’un illustre inconnu pour moi, Karlfried Graf Dürckheim. J’appris de cet auteur que lorsqu’on demande à un peintre japonais : « Quel est le plus important dans votre dessin ? », il met le doigt sur le vide. L’important n’est ni l’arbre, ni l’oiseau... C’est le vide qui fait vivre ce qui n’est pas la Vie. C’est du vide que peut sourdre la « petite voix » du transcendant. Le vide et le silence sont l’arrière-plan sur lequel se fait entendre le divin. Dieu parle dans le silence. Voilà la grande parole de Maître Eckhart, que j’ai aussi découvert avec émerveillement.

À partir de là, je me suis « écroulé »... La rencontre avec Rachel et Alphonse Goettmann à Gorze et avec Annick de Souzenelle a complété ma soif de cet « Essentiel » dont j’ai découvert qu’il était pourtant déjà en moi. Puis ce furent les lectures d’Yvan Amar, de Richard Moss, qui m’ont attiré vers d’autres lumières que je cherchais ailleurs, alors qu’elles étaient, elles aussi, déjà présentes en moi. Mais quelle émotion, quelle joie de retrouver ensuite saint Augustin, saint Benoît, saint Jean de la Croix, saint Thomas d’Aquin. Je pense que si je les avais un peu quittés, ce n’était que pour aller ressentir les fleurs de l’autre côté du même chemin et découvrir que, sur ce chemin-là, il n’y avait pas d’opposition entre le sacré et le profane. Le croire serait profaner une partie de la création... Tout ce qui est, est sacré de par son existence créée.

J’aime, en forme de gratitude, allumer une bougie ou fleurir les rayons de ma bibliothèque, pour vénérer ceux qui ont été les guérisseurs de mon âme. Il me reste à le devenir pour les autres. Je rapporte de mes voyages à Madagascar le mot merveilleux par lequel, là-bas, on nomme Dieu : « Andriamanitra », la bonne odeur du divin, que je traduirais par « la belle odeur de la bonté ».

Quelle est votre vision du monde actuel ?

Notre époque... Et si on l’aimait, au lieu de toujours la dénigrer et la mépriser ! Peut-être que les jeunes auraient envie de la rendre plus belle ! Notre époque est « nôtre ». Personne d’autre que nous ne peut la rendre meilleure. Notre époque... Rassure-toi, rien ne dure. Mais pour l’instant, elle est ton époque... Ne la lâche pas. Ne la méprise pas. Peut-être a-t-elle besoin de toi... Cependant, il faut oser la regarder telle qu’elle est.

L’un des derniers livres de Jean Ziegler est intitulé : L’Empire de la honte (2). Que pourrait-on attendre du vide d’une société qui a imposé un régime inédit de soumission des peuples aux intérêts des grandes compagnies privées transcontinentales, par deux armes de destruction massive dont les maîtres de « l’empire de la honte » savent admirablement jouer : la dette et la faim ? Par l’endettement, les États abdiquent leur souveraineté, par la faim qui en découle, le peuple des pauvres agonise et renonce à toute liberté.

Sur le plan économique, industriel et financier, les pauvres n’ont plus rien à attendre de personne. C’est la raison pour laquelle il est absolument nécessaire de faire naître l’espérance. La compassion, la beauté, la bienveillance sont autant de mots féminins, comme la Sagesse, qu’il faut mettre maternellement au monde en nous.

Et si nous nous greffions sur l’espérance, sur une attente à inventer, à nourrir, à laisser grandir, à abreuver de toutes les tendresses que la bienveillance nous inspire...

Si notre vie intérieure était plus grande, le monde déborderait d’amour. Mais ce changement ne peut commencer qu’avec soi-même, et en « soi-m’aime ».

Si l’on pouvait vivre avec soi et s’étonner d’exister, s’émerveiller d’être et accepter l’inattendu...

Le bonheur d’un homme libre, dit André Comte-Sponville, ne dépend pas des circonstances, mais de ce qu’il fait des circonstances en y introduisant la conscience de l’Amour. Peut-être éprouvera-t-il alors quelque chose du bonheur « souverain » de Celui qui a pu dire : « Ma Vie, on ne me la prend pas, mais c’est Moi qui la donne... » Notre joie, nul ne peut nous la ravir, puisque ce n’est pas une réalité qui se possède, mais, comme l’amour, une réalité qui se donne. Si tu parvenais à te libérer du désir de posséder toujours plus des structures qui emprisonnent, qui empêchent en toi le jaillissement de l’Amour-en-partage, la spontanéité de la vie pourrait sourdre de toi. Si tu parvenais à oublier, à dépasser le « vécu » immédiat, pour tendre vers la plénitude qui naît spontanément des origines de ta propre vie, tu ne serais plus loin de la sérénité que la Sagesse veut faire naître en toi. Ce serait le moment de citer le koan Zen : « Lorsque tu arriveras au sommet de la montagne, continue de grimper... » L’espérance c’est toujours plus loin, mais dans un « loin » qui est déjà présent.

S’indigner devient un devoir, à la condition que notre indignation soit efficace et effective. Jésus affirme dans l’Évangile : « Les tièdes, je les vomis de ma bouche... » Je ne pourrais jamais célébrer l’Eucharistie sans, à l’Offertoire, en offrant le pain, fruit de la terre et du travail des hommes, l’embrasser, pour lui demander pardon des mille tonnes de pain détruit en France tous les jours, au nom des normes européennes. Jamais nous n’avons connu dans notre société un tel gaspillage, bien souvent exigé par la loi.

Et l’Amour ? Si nous éveillons cet Amour contagieux, il saura de lui- même discrètement prendre sa place. Si un jour tu découvres que le monde entier a quelque chose en commun avec toi, tu découvriras en même temps que tu as quelque chose à partager avec le monde entier. N’aie pas honte de la richesse qui est en toi, elle peut être contagieuse. Essaye de faire correspondre tes rêves à ce dont la Vie rêve pour toi. C’est de cette identité, de cette fusion, que naîtront en toi la paix et la sérénité...

Souvent on me pose la question : « Mais, mon Père, que pouvons- nous faire à titre individuel ?... » Si chacun de nous accomplissait ce qui est en son pouvoir, tout simplement, en croyant amoureusement en la vie, le monde serait changé. N’aie pas la prétention de chercher à refaire le monde. Il existait depuis des milliards d’années avant toi. Cherche à faire le monde où tu vis : chacun de tes actes s’y répercute, chacune de tes larmes l’attriste, chacun de tes sourires le prépare à déborder de joie. Accrédite en toi l’idée que le bonheur est là, que les ombres ne sont que la preuve de l’existence de la lumière dont la nature est de briller comme la tienne et d’aimer. Saint Paul disait déjà : « L’humanité ne cesse de gémir dans les douleurs de l’enfantement. » Toutes les formes de pauvreté sont un scandale et un scandale insupportable quand on découvre que ces situations, ces pauvretés, sont les résultats de la liberté d’individus et de nations pervertis par l’égoïsme et le pouvoir dominateur...

Devant la folie que nous révèle l’absurde réalité du monde dans sa non-humanité, il nous faut une autre forme de folie ; va donc semer des fleurs dans ton jardin, habille ton visage d’un sourire, tu croiras, chaque jour, que l’amour est possible. Alors, tu changeras le monde et commenceras à laisser naître en toi la notion de conscience planétaire qui, seule, rendra à Dieu sa Paternité universelle. Enfin, prends conscience que la douceur, la tolérance et la bonté sont plus fortes que la violence et la haine et que le bonheur est un état qu’on ne peut garder qu’en le partageant... D’ailleurs, « heureux » ne s’écrit qu’au pluriel !

Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attaché ? De quelles manières les rendez-vous vivantes ?

Toutes mes valeurs sont développées dans la question précédente.

À ce jour, que désireriez-vous transmettre ?

L’envie de transmettre ne peut venir que d’un constat de vieillissement. Le temps ne peut me vieillir. Seule l’habitude pourrait m’empêcher de ne vivre que des naissances : celles de l’instant, celles de la joie, du bonheur d’être et de naître à chaque présent nouveau, innocent d’hier et capable de plus. Par ailleurs, pour transmettre, il faudrait posséder. Je ne possède rien, humblement je cherche, je tente de découvrir. Je pense d’ailleurs que, pour un moine, son vœu de pauvreté l’engage à tout abandonner allègrement.

Et pourtant... :
J’aimerais transmettre qu’il y a ce que tu vois, ce que tu touches et qu’un jour, tu ne verras plus, ne toucheras plus. Mais il y a aussi cette autre partie de toi que tu ne verras jamais, ne toucheras jamais. L’une est ton personnage, l’autre, ta personne. Laisse-les, l’une et l’autre, exister.
J’aimerais transmettre à chacun l’envie de devenir un musicien de tout ce qu’il touche, approche ou contemple, de cette musique magique dont l’instrument ne se trouve nulle part ailleurs que dans le cœur... Il pourra alors réveiller l’amour endormi en chaque chose et devenir plus qu’un prêtre : un célébrant de l’univers.
J’aimerais transmettre à chacun l’envie de s’arrêter, le matin, une minute pour regarder le temps venir. Toute sa journée en sera transformée. Chaque minute en sera décalée. Si cette minute est d’amour et de bonté, tout le reste en sera teinté. Arrête-toi et détricote ton temps pour le retisser d’un fil d’or.
J’aimerais transmettre à chacun l’envie qu’au lieu de s’arrêter aux détails qui divisent, séparent ou créent la différence, il aille simplement vers l’essentiel. Il est le même pour tous. Rien d’important ne nous séparerait. Les relations, d’elles-mêmes, seraient rendues plus conviviales.
J’aimerais transmettre à chacun l’envie de regarder les étoiles. Depuis des siècles, elles sont là, témoins du temps et de l’éternité. Toute chose a besoin du regard des hommes pour exister davantage. Lorsque nous réveillons en elles l’amour qui les a créées, une relation naît entre l’admirable, l’admirateur et l’admiré.
J’aimerais transmettre que ce n’est pas toujours en dénonçant les défauts des autres qu’on pourra les rendre meilleurs, mais en les aimant plus, au-delà de leurs défauts. Lao Tseu disait : « Ce que tu n’aimes pas en moi, c’est ce qui est chez toi... » Tu n’as pas à changer les autres, même ceux que tu aimes, tu as à devenir plus aimable pour ceux que tu aimes.
J’aimerais transmettre à chacun la conviction que ce n’est pas toujours en combattant une grande souffrance qu’on la verra s’éloigner ou régresser. L’accueillir est l’une des façons de la cueillir et de la déposer au pied de l’arbre, avant qu’elle n’ait donné les graines de la révolte ou de la désespérance.
J’aimerais enfin transmettre cette conviction que, si tu n’es pas amour en toi, tout ce que tu feras, verras, penseras, inventeras sera handicapé, « orphelin » de ce qu’il doit être vraiment : un abandon de l’être au présent. L’amour n’est jamais petit ou grand. Laisse cette dimension-là aux émotions, aux événements. L’amour est. Il ne se mesure pas. Il est tout entier dans ce qu’il est. Il est comme le vent, comme le temps et l’air ; ne l’enferme pas dans tes rêves.

À la lumière de votre expérience, que vous inspire cette déclaration : « Nous sommes tous des compagnons de voyage » ?

Lorsqu’une course cycliste se termine, les sportifs arrivent exténués après le sprint final, l’effort est fini, la course s’achève. Cependant, une grande banderole s’étale au travers de la route, avec l’inscription : « Arrivée ». Il en est de même pour la vie ; lorsqu’elle se termine, c’est l’arrivée. Pour tous les humains, l’arrivée est la même. Tous respirent le même air, s’abreuvent à la même eau, air et eau qui existent depuis des milliards d’années et qui ont été la vie de milliards d’êtres avant nous. La même attraction terrestre permet à tous les humains de ne pas se désintégrer instantanément dans le vide du cosmos.

Lorsque, récemment, on me posait la question de savoir qui j’étais, je me suis permis de répondre : « Le fils d’un papa et d’une maman, eux- mêmes enfants d’un autre papa et d’une autre maman... » Prenant ma calculette, j’ai remonté vingt-deux générations pour découvrir que plus de huit millions d’humains ont existé à l’époque pour que je puisse aujourd’hui être là. Nous sommes vraiment tous les compagnons du même voyage !

Le mercredi des Cendres, quand je prononçais la phrase de la liturgie : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière... », j’ai osé imaginer que j’étais bien poussière de l’univers et du cosmos et que je retournerai à l’univers. Ce que tu t’accordes dans la simple conscience de ton être intérieur, tu l’accordes à tous. Si tu évolues, quelque chose dans le monde évolue. Ce que l’humanité possède en commun grandit ensemble, car la source est la même. Plus tu donnes, plus tu abandonnes, plus tu grandis en capacité d’aimer et plus tu permets au monde de le faire.

Laisse aujourd’hui chanter en toi le très timide et très lointain, et pourtant si présent, chant de l’univers. Le chant de ton Dieu intérieur habite cette note de chair que tu es. Laisse-la vibrer au diapason du monde. Elle était aussi, en toi, l’écho des cris et des larmes de tes ancêtres à qui tu peux tout pardonner.

En entrant dans un monastère bouddhiste à Bénarès, j’ai vu le plus ancien moine venir, en signe d’accueil, s’incliner devant moi, les mains jointes, en prononçant le « Namastar » : « Que le divin qui est en toi rencontre le divin qui est en moi » ; j’ai compris que nous n’avions pas à coller un code-barres au divin pour le différencier d’un autre divin... Nous sommes tous immergés dans Celui qui nous habite tous, compagnons du même voyage... « Le Royaume de Dieu est au-dedans de toi... » Ne serait-ce pas, par hasard, le même Royaume qui serait au cœur des autres ? Nous sommes tous les compagnons destinés au même Royaume.

Mais pour l’instant, si nous sommes en terre d’exil, le pèlerinage commence, et nous sommes tous les compagnons du même voyage pour aller de soi à soi, vers la même arrivée.

(1) Le Centre de l’Être, de Karlfried Graf Dürckheim, Albin Michel, 1992. (2) L’Empire de la honte, de Jean Ziegler, Fayard, 2005.

Note : L'intégralité de cette interview est à lire dans mon livre L'avenir est en nous (Ed. Dangles) - Février 2014.