"Lorsque nous regardons dans un miroir et que nous sourions, le miroir nous sourit en retour - n'est-ce pas? Souvenez-vous, tout ce que nous faisons dans la vie nous revient ensuite." - Amma (Mata Amritanandamayi)

Extraits d’une interview de Mata Amritanandamayi Devi, plus connue sous le nom d’Amma, réalisée par Anne Wesseling, pour le magazine Happinez (n°8).''

648x415_pontoise-19-octobre-2014-amma-gourou-indienne-venue-france-donner-darshan-etreinte-fideles.jpgL’enseignement spirituel de Mata Amritanandamayi Devi, plus connue sous le nom d’Amma, repose sur la compassion qu’elle exprime en serrant ses fidèles dans les bras. Plus qu’une simple étreinte, c’est un rituel qui nous relie à l’amour divin.
Quand on assiste pour la première fois, la scène est étonnante : une Indienne vêtue de blanc est assise sur une large chaise, recouverte d’un tissu scintillant, à côté d’une coupe remplie de pétales de roses. Devant elle, des fidèles à genoux attendent patiemment leur darshan (étreinte). L’un après l’autre, elle les prend dans ses bras, les serre, les embrasse parfois. Lorsqu’ils s’éloignent après cette rencontre singulière, il n’est pas rare que des larmes coulent le long de leurs joues.
Cette femme en blanc, c’est Mata Amritanandamayi Devi, vénérée comme une sainte par ses adeptes. Surnommée Amma (« mère » en malayalam), elle incarne l’amour divin, qu’elle éveille chez les autres en les serrant dans ses bras.
Depuis trente ans, elle a donné plus de trente deux millions d’étreintes, à des célébrités (…), mais surtout à des fidèles « ordinaires » qui suivent ses tournées en Europe, certains ne manquant quasi aucune rencontre.
Amma fait régulièrement étape en France, aux Pays-Bas… où ses étreintes gratuites attirent de plus en plus de monde. Nous l’avons interviewée au cours d’une séance de darshan, Swami Amritaswarupananda, l’un de ses plus proches collaborateurs, traduisant en malayalam, la langue maternelle d’Amma, les questions que nous lui posions.
La voix d’Amma est à la fois agréable, bienveillante et résolue. Elle parle souvent d’elle-même à la troisième personne.

La plupart des gens repartent très émus après vous avoir rencontrée. Que se passe-t-il exactement au moment de l’étreinte ?
(Amma sourit : c’est peut-être la question qu’on lui pose le plus souvent.)
C’est bien plus qu’une étreinte physique, c’est un véritable cœur à cœur. Amma transmet la pure énergie de l’amour à la personne qu’elle tient dans ses bras. Elle réveille ainsi l’amour spirituel qui sommeille en celle-ci.

Cet amour absolu est-il en chacun de nous ?
C’est notre véritable nature. Il suffit de le découvrir. Souvent, l’amour est comme un miroir poussiéreux. Nous ne l’avons pas perdu, seulement oublié. Si on le dépoussière, le miroir redevient limpide ; de même, nous pouvons retrouver l’amour et l’innocence si nous débarrassons notre esprit de la poussière de l’égoïsme. Amma veut y contribuer.
L’important, c’est ce que vous êtes en profondeur, une conscience pure, une béatitude. Si vous en prenez vraiment conscience, vous n’avez plus rien à perdre ou à gagner. À ce degré ultime de l’être, on accueille de la même manière le plaisir et la souffrance, le succès et l’échec, l’honneur et la honte, et toutes les autres expériences de la vie. Lorsqu’on ne fait qu’un avec l’univers, lorsqu’on se rend compte qu’on est l’univers, qu’a-t-on donc à perdre ou a gagner ?
(…)

Comment atteindre cette forme de bonheur qui ne dépend pas des circonstances extérieures ?
Il s’agit de trouver l’équilibre entre le spirituel et le matériel. La dimension spirituelle est indispensable. Le matérialisme n’apporte ni la paix, ni le bonheur. Si l’on jette un regard impartial sur les pays matérialistes, on constate que leurs habitants sont malheureux et qu’ils souffrent. On ne trouve pas le bonheur et la paix dans les choses matérielles : c’est comme essayer de ramer dans le sable. D’un côté, il y a les circonstances ; de l’autre, notre attitude face à elles. Nous ne maîtrisons pas toujours les premières, mais nous pouvons changer notre regard. Et si notre attitude est ajustée, elle fait évoluer les circonstances. Apprenons à contrôler nos forces mentales et nos émotions. Autrement dit, installons l’air conditionné dans notre esprit.

L’air conditionné dans notre esprit ?
Il faut apprendre à être spectateur, c’est-à-dire à faire un pas de côté et apprendre un peu de recul, afin de ne pas s’identifier à la situation, en particulier avec les émotions comme la colère. Si vous êtes capable de la regarder sans vous identifier à elle, vous comprendrez mieux de quoi elle est faite. Vous pourrez alors la contrôler et elle vous fera grandir. C’est un peu comme une visite au zoo : vous voyez le lion dans sa cage, vous l’entendez rugir, vous frissonnez en riant. Mais si vous mettez la main dans la cage, c’est une autre histoire.

(…)
N’est-il pas difficile de pardonner à ceux qui vous ont fait du mal ?
(Amma écoute attentivement puis répond longuement.)
La plupart des gens ont du mal à pardonner parce qu’ils ont du mal à lâcher la souffrance qu’ils portent en eux. Même s’ils savent que ces sentiments de haine et d’amertume les empêchent de trouver la paix, ils n’arrivent pas à s’en détacher. Mais le ressentiment les ronge. C’est pourquoi il faut vraiment s’exercer à pardonner. Le pardon aide à avancer dans la vie. Pardonner, ce n’est pas approuver ce qu’on vous a fait, mais refuser que le passé influence le présent, et donc aussi l’avenir. Il faut s’en libérer.
Si en jouant, un enfant vous pique avec un couteau, vous pouvez le lui pardonner, parce que vous savez qu’il ne fait pas la différence entre un vrai couteau et un couteau en plastique. Lorsqu’on se rend compte que l’autre vous a fait mal par ignorance, on peut prier et espérer qu’il comprenne mieux les choses. Le pardon devient alors un élan spontané.

Cela vous demande-t-il beaucoup d’efforts ?
(Amma sourit)
Amma considère chaque être humain comme un prolongement d’elle-même. Pardonner, c’est accepter, or l’acceptation est la voie que suit Amma. Si chacun d’entre nous voit l’autre comme un prolongement de son moi véritable, il n’y a plus d’un côté celui qui pardonne, de l’autre celui qui est pardonné : on ne fait plus qu’un avec l’autre.

Le monde occidental est en crise, beaucoup de gens ont peur de perdre leur emploi ou sont confrontés à de graves problèmes financiers. La spiritualité peut-elle aussi les aider dans ce domaine ?
(Amma se met à parler très vite. Swami Amritaswarupananda écoute en hochant la tête, prend des notes et traduit.)
Prendre de la distance par rapport à la situation apaise l’esprit. C’est la première étape. La deuxième, c’est la compassion. Voilà la notion essentielle et le premier pas sur la voie du développement spirituel. Lorsqu’on fait vraiment preuve d’empathie, notre attitude à l’égard du monde change en profondeur. On traite autrui comme une mère traiterait son enfant. Elle veille à ce qu’il ait toujours à manger, même si elle doit mourir de faim. L’amour d’une mère est inconditionnel. En plaçant la compassion au cœur de votre vie, vous trouverez tout de suite la réponse à de très nombreux problèmes.

Mais on ne résout pas tous les problèmes du monde avec la seule compassion…
Pourtant la compassion est la première étape de la solution, car elle implique aussi de ne prendre que ce dont on a vraiment besoin, et de donner le reste à ceux qui sont en difficulté. Voilà une conception très concrète de la vie. Je vous donne une exemple : tout le monde a besoin de savoir l’heure qu’il est. Pour cela, vous pouvez acheter une montre à 10 € ou une montre à 10000 €, en fonction de votre compte en banque. Mais les deux montres vous donneront la même heure. Si vous comprenez ce principe fondamental, si la compassion s’éveille en vous, vous achèterez une montre à 10 € quel que soit votre niveau de revenus, et vous donnerez le surplus à ceux qui sont dans le besoin. (Amma écoute la traduction et complète.)
Je ne veux pas dire que vous n’avez pas le droit de vous acheter une montre très chère. L’idée essentielle, c’est de prendre ce dont vous avez besoin et de partager le reste avec les autres. Concernant la crise économique et le chômage, il faut faire preuve de souplesse. Le problème est souvent que les gens ont été formés dans un secteur où il n’y a plus de travail. La crise peut durer encore un bon moment, alors il faut trouver de nouvelles voies pour s’en sortir. Il faut se secouer, réfléchir et demander conseil à d’autres pour trouver des solutions. Regardez combien les Chinois travaillent dur ! Prenez clairement conscience de la situation et cherchez des façons de vous en sortir, au lieu de vous cramponner à votre ancien métier.

Et si, à cet égard, la crise était aussi l’occasion de prendre un nouveau départ ?
On observe un peu partout des signes positifs, mais ce sont comme des braises : soit on souffle dessus pour que le feu prenne, soit on le laisse s’éteindre. Le plus grand problème de notre époque, c’est que l’esprit humain et la nature sont en plein chaos. L’humanité est à un carrefour, mais elle ne sait pas quelle direction prendre. Rassemblez vos forces et votre courage et avancez ! Faites de votre mieux pour sortir de la dépression. Il faut aussi lutter contre la toxicomanie. C’est un grave problème dans de nombreux pays. Les toxicomanes perdent tout, leur clairvoyance, leur intelligence, leurs forces ! Il faut les aider !

(...)

Vous avez donné environ trente-deux millions d’étreintes. À combien aimeriez-vous arriver ? Comment voyez-vous l’avenir ?
Je ne pense jamais à ce genre de choses. L’avenir est une sorte de rêve, seul l’instant présent existe vraiment. Mais si je pouvais formuler un vœu, ce serait celui-ci : de pouvoir embrasser tendrement mon prochain, de pouvoir sécher ses larmes jusqu’à mon dernier souffle.

Amma5.jpgEmbrasser et réconforter des milliers de gens par jour, cela doit être épuisant, tant sur le plan physique qu’émotionnel. Pourtant vous avez l’air gaie et pleine d’entrain !
Quand les gens sont tristes, Amma l’est aussi ; quand les gens sont heureux, Amma l’est aussi. Mais en fait, Amma est toujours heureuse, quelles que soient les circonstances. (Elle rit.) Vous savez, que vous passiez votre temps à rire ou à pleurer, le temps passe quand même. Alors riez ! Trouvez chaque jour l’occasion de rire. Le rire est la musique de l’âme.

Pour en savoir plus sur Amma :
http://www.etw-France.org
http://www.fr.embracingtheworld.org
Embracing the World, l’ONG d’Amma, vise à lutter contre la misère. Amma veut apporter son aide à tous les êtres humains, quelles que soient leur origine ou leur religion. Il existe deux centres en France, La ferme du Plessis, près de Chartres, et Lou Paradou, près de Toulon.

Et la page Facebook officielle : https://fr-fr.facebook.com/AmmaFran...

À lire :
Swami Paramatmananda Puri, Amma : La Mère de la béatitude immortelle
Swami Paramatmananda Puri, Sur le Chemin de laliberté, tome 2
Swami Paramatmananda Puri, La Voie éternelle (disponible sur http://ammaboutique.org)
Swami Paramatmananda Puri, Éveillez-vous mes enfants

hap8-couv.jpgMagazine Happinez n°8 (mars - avril 2015)

Le premier mindstyle magazine (féminin - positif - inspirant)