Le Kinomichi, littéralement « Voie de l'Énergie », est une pratique où l’on recherche non seulement une détente du corps, mais une ouverture du cœur, un art d’être avec l’autre sans domination, ni passivité. Rien d’autre que l’harmonie. Telle est la force… tranquille du Kinomichi !
Le Kinomichi est issu de la longue tradition des arts martiaux
Masamichi Noro, maître d'Aikïdo, est envoyé en Europe par Morihei Ueshiba Sensei. Suite à un terrible accident de voiture le 4 mai 1966, et afin de reconstruire tout son être, il reconsidère son art tant sur le plan technique que dans son enseignement. Tout en puisant aux sources des traditions gestuelles du Japon, il s'ouvre à des idées nouvelles, à des perspectives originales, à des techniques occidentales.
À partir de 1971, son dojo devient un véritable champ d'expérimentation lui permettant de « sculpter dans le vivant ». Peu à peu s’esquisse un nouvel art de vivre se substituant aux techniques strictement martiales, et s’appuyant sur une efficacité différente, tant en système de préservation de la vie qu’en élaboration d'un art de la relation qui s'adresse aux amoureux du mouvement.
Les seize formes « d'attaque » se muent en formes d'approches ou d'accueil du partenaire, pour modifier et supprimer l'esprit guerrier de la pratique, au profit de déplacement plus chorégraphique. L’espace périphérique s’élargit, les deux pratiquants deviennent de vrais partenaires : aucun combat, aucune loi du plus fort comme dans la plupart des arts martiaux ; l’un reçoit, sans subir, la poussée énergétique de l’autre qui, lui, va répondre dans le respect de l'intégrité physique. L’harmonie est dans la présence à l’autre, dans l’écoute mutuelle.
Des exercices s'inspirant de la gymnastique holistique apparaissent et permettent de se sensibiliser aux nuances de densité de contact dans les étirements spiralés. Une notion de réciprocité est introduite dans les exercices de préparation, ainsi que des massages en début de cours comme message de paix.
Un nouveau langage est créé dans le respect de la symbolique du Tao. En 1979 Masamichi Noro dépose le terme Kinomichi.
Un art du mouvement et de la relation
Toutes les pratiques corporelles en général évoquent les mêmes arguments : bien être, harmonie du corps et de l'esprit, souplesse et apaisement mental. La singularité du Kinomichi se distingue à travers ses spécificités : présence d'un partenaire, contact énergétique et léger, spirale et unité du corps, conscience corporelle, relation d'empathie sans domination qui en font un art différent et unique.
Ses spécificités peuvent se résumer par les 5 "S": Sourire, souffle, spirale, souplesse et spiritualité.
Si les aspects plus techniques ont leur importance, il est préférable de s’attarder et mettre en avant l’aspect relationnel de cet art et en particulier deux éléments :
- Un art du « mouvement à 2 » permettant un dialogue corporel avec deux qualités essentielles des partenaires qui sont l’objet de la pratique :
- Chacun est actif, personne n’est passif. Il n'y a pas d'asymétrie dans l'énergie échangée entre les partenaires ;
- Chacun interagit avec force et légèreté, sans bloquer l'énergie. Les partenaires se tiennent, se touchent. On utilise la force mais sans conflit.
- Le contexte psychologique est positif. Le scénario de la pratique est résolument optimiste : Joie, sourire, accueil et ouverture du cœur…
- Pas de simulacre de conflit, ni de compétition : les connotations de « domination », « supériorité », « gagnant », « vaincu », « perdant », « soumission », « immobilisation », « attaque et défense » sont totalement exclues.
Ce changement de paradigme par rapport aux arts martiaux traditionnels, et prenant corps réellement dans la pratique, en font un art à la pointe de l’évolution des arts du budo.
C'est un outil magnifique d'évolution, de travail sur soi dans le cadre de la relation à l'autre et de la recherche d'harmonie.
Où pratiquer cet art du mouvement et de la relation :
⇒ L'association des enseignants de Kinomichi: www.kiia.net
Bibliographie pour approfondir :
• La pratique du KINOMICHI® avec Maître Noro, de Daniel Roumanoff, éd. Critérion, 1992.
• Le KINOMICHI®, du mouvement à la création, de Raymond Murcia, éd. Dervy, 1996.
• Du zen au Kinomichi : les six dojo de Noro Sensei au fil du temps vrai de Georges Lamarque, édité par l'auteur, 2013.
• Un sculpteur - le kinomichi. Quel corps est modelé par le kinomichi ? de Victor Labouret, édité par l'auteur, 2013.
Texte écrit par Jean-Michel Fradin, instructeur de Kinomichi à Rennes (35000). Pour de plus amples information : www.kinomichi-rennes.asso35.fr
2 réactions
1 De Marcelle - 26/06/2014, 16:30
Bonjour Jean-Michel, toute nouvelle blogueuse, je suis heureuse de découvrir le Kinomichi que je ne connaissais pas du tout, je suis professeur de Qi-Gong et je retrouve beaucoup de vertus essentielles dans ta présentation. Ce 21ème siècle est peut-être difficile à vivre, mais quelles heureuses découvertes nous y faisons… meilleures pensées, Marcelle.
2 De Goutte de Paix - 12/12/2014, 16:46
Le Kinomichi, pratique merveilleuse..... Pratique de Paix
Une douce pensée à Maître Noro.
Il nous a quittés, nous poursuivons son œuvre,
dans le monde.
http://www.kiia.net/fr/search.php
Un sourire dans le cœur !