Kardos_Marguerite_3.jpgMarguerite Kardos est linguiste-orientaliste, spécialiste du Proche-Orient et de Sumer, ancien professeur d’université. Elle est également thérapeute, pratique l’énergétique chinoise traditionnelle, la naturopathie, et le qi-gong et elle est présidente de l’Association pour la Diffusion des Dialogues avec l’Ange (ADDA).

« Tout changement collectif commence par une transformation individuelle. Et chaque changement individuel rejaillit sur toute la communauté humaine... » « On ne peut pas cueillir une fleur sans déranger une étoile », constate l’astrophysicien Thomson.

Marguerite Kardos, Dame Sagesse vous a invitée à sa table et désirerait mieux vous connaître.

• Comment vous présenteriez-vous ?
Merci pour cette invitation.
Je suis en devenir – comme chacun de nous – par un lent dégagement de ce que je ne suis pas. Me dépouillant, me dés-identifiant de mes casquettes aussi, surtout devant Dame Sagesse. Alors, je ne peux cacher que je suis une vulcanologue. À l’écoute d’une lave bouillonnante, originelle, indicible, libre, indomptée... autant dans la matière que dans le cœur humain, autant dans les civilisations que dans la poésie mystique, ou dans les arts. Ce qui palpite au cœur de la matière est la flamme de l’amour, le feu de Dieu. La science moderne nous ouvre à l’adoration.
J’étais à la recherche de l’origine : de moi-même, de mon peuple, de l’humanité. Et quand on s’intéresse à l’origine des origines, on rencontre obligatoirement les Sumériens qui, au IVe millénaire avant J.-C., ont inventé l’écriture et établi la première religion historiquement connue de l’humanité. Je suis devenue linguiste – orientaliste, universitaire, spécialiste du Proche-Orient et de Sumer –, l’une de mes casquettes. Je me suis plongée avec grande passion dans les écritures pictographiques, espérant retrouver une langue-mère. J’ai travaillé au Louvre au déchiffrement des tablettes sumériennes, et répandu leurs trésors sous forme d’enseignement. Je ne pouvais pas m’enfermer dans une littéralité horizontale, je savais que nous avions aussi une origine méta-historique, verticale. Guidée par l’Orient qui aimante et oriente l’âme vers la Lumière, sous le regard de son Ange. Les événements de ma vie personnelle m’ont poussée à expérimenter ce que je croyais comprendre intuitivement ou intellectuellement.

• Avez-vous vécu une expérience déterminante qui a modifié, changé votre parcours de vie ? Cette expérience vous a-t-elle amenée à prendre des décisions qui orientent encore votre vie ?
Plusieurs expériences m’ont labourée et accouchée.
La première fut la rencontre avec la mort. J’avais douze ans à la révolution hongroise de 1956, quand j’ai vu des morts dans la rue. Je suis restée longtemps devant chacun, ils ont infusé dans mon âme le secret de la vie. Je voulais rejoindre les résistants, mais mon grand- père m’a parlé de Gandhi, de la liberté intérieure et de la non-violence. Il m’a fait découvrir l’Inde qui a balayé pour moi, d’un revers de main, le matérialisme dans lequel nous étions englués.
En 1966, j’ai subi en France une agression extrêmement brutale par quelqu’un à la solde du pouvoir politique bolchevique. Gitta Mallasz (1) s’est occupée de moi avec une tendre attention, comme une maman. Elle m’a proposé Dialogues avec l’ange, sous forme manuscrite en hongrois, à l’époque. Une phrase m’a atteinte : « Il n’y a pas d’abîme si sombre / Il n’y a pas de falaise si haute / Il n’y a pas d’égarement si tortueux / Qui ne soient pas Voie » (E.13/L.) (2). Donc, l’épreuve a un sens. Et, comme pour enfoncer le clou : « Votre souffrance ne dure qu’aussi longtemps que vous ne LE reconnaissez pas en tout » (E. 21/L.). C’est à moi à LE reconnaître dans chaque gouffre. Donc rien n’est figé, tout est en devenir, le Tout Possible est en œuvre si je l’appelle. L’Ange m’a montré que le Poids, qui me pesait tant, est ma Voie. Que je peux tisser ma Voie à partir de ces poids transformés. Mais je ne peux m’appuyer que sur l’insaisissable : « Le jamais-vu éclaire la Voie, le jamais-entendu vous guide » (E.16/L.).
C’est une voie de transformation, de transfiguration, de transsubstantiation. Une autre expérience a réorienté ma vie lorsque, à l’hôpital Necker, un médecin m’a annoncé que mon fils de onze mois allait bientôt mourir. Vertige. Le sol s’est dérobé sous mes pieds. Puis soudain, je fus connectée à la toute-puissance de la Vie, à cette langue-mère que j’ai tant cherchée, commune à tous les vivants. Je me suis tournée alors vers les médecines « vitalistes », alternatives : la naturopathie, l’homéopathie et l’acupuncture, qui visent à fortifier la santé. Mais où apprendre à prendre soin de la Vie ? Non pas seulement se servir de la vie, mais servir la Vie, ce mystère insondable. Je sentais une urgence, une responsabilité, et je me suis inscrite à l’École de naturopathie de Pierre Marchesseau et à l’Institut énergétique chinoise traditionnelle. « Ne lutte pas contre la maladie, mais fortifie le sain ! », nous conseille l’ange. Je suis devenue thérapeute. Petit à petit, mon fils a retrouvé la santé.

• Quelle est votre vision du monde actuel ?
Nous sommes dans un sacré pétrin ! Ça tourne et fermente, ça mature et se purifie, ça décante et se transforme. C’est une époque de transition. Un processus irréversible est en marche. Allons-nous vers la transformation ou vers l’autodestruction ? Le sort de l’humanité est en suspens, son devenir dépend de chacun de nous. Le papillon devrait sortir du cocon. La naissance est toujours précédée par un sentiment d’emprisonnement.
Une insurrection des consciences est en œuvre. Nous avons besoin d’une transformation radicale sur tous les plans. Le règne de la quantité aspire à être remplacé par celui de la qualité. La croissance immodérée s’avère pathologique, la consommation débridée nous asphyxie. L’ange dit : « Si vous voyez quelque chose tomber en poussière/ Sachez que le Nouveau s’approche » (E.40). Il y des semeurs du Nouveau qui surgissent de partout et proposent un « autrement possible », un changement de paradigme, avec des méthodes innovantes et écologiques. Dans le domaine de l’éducation et de l’économie, de l’agriculture et des soins, de l’énergie et de l’habitat, des outils concrets et expérimentés sont proposés. Avec sincérité et générosité, conviction et détermination. Les mouvements « Colibri, Terre et Humanisme » et « Oasis en tous lieux » de Pierre Rabhi en sont des exemples éclatants. Partout en France et en Europe fleurissent des lieux de rencontre, inspirés par ce Nouveau. Je suis membre active de l’association Terre du Ciel qui rassemble ceux qui font l’effort de se redresser. L’homme prédateur, brandissant son gourdin depuis le temps des cavernes, doit devenir HOMME.
« Le mal est le bien en formation, mais pas encore prêt », dit l’Ange. « L’homme est le grand transformateur. La force non transformée, la force non utilisée détruit, dévaste, empoisonne... Si tu élèves tout, tu tiens dans ta main la joie éternelle. » (E.29/G.).
L’enseignement des Anges, cet hymne de joie en pleine guerre mondiale, dicté sous les bombardements, vibre d’actualité : « À l’extérieur, tout est englouti, mais à l’intérieur tout s’accomplit et devient nouvelle terre » (E.46).

• Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attachée ? De quelles manières les rendez-vous vivantes ?
Les valeurs sont des boussoles pour s’orienter dans une forêt noire. Les valeurs sont la quille du bateau pour rester debout dans la tempête et garder le cap. Elles sculptent et anoblissent l’homme, elles donnent saveur et qualité à « l’art de vivre ensemble ». Elles sont inséparables, interdépendantes, sœurs jumelles. Les énumérer me semble abstrait. Comment les rendre vivantes ? Il faut que chacun les accouche une à une, patiemment et individuellement, avec audace et confiance, à travers sa propre « descente en enfer ». Elles ne sont pas gratuites. Ces valeurs expriment les qualités de l’Être, on y retrouve par exemple les 99 Noms, ou qualités divines en Islam.
Le respect de la vie sous toutes ses formes est une valeur essentielle à transmettre. La Vie est sacrée, nous devons l’honorer et la célébrer. Sincérité et loyauté, espérance et confiance, miséricorde et compassion, humour et joie, pardon et gratitude sont considérés depuis toujours comme le sel de la terre. La médecine sumérienne a recensé trois indicateurs de bonne santé : le Pardon, car toutes les maladies s’originent dans le non-pardon ; la Gratitude, pouvoir remercier tout ce qui m’arrive ; puis la Joie.
La médecine chinoise attire l’attention sur la joie : « Quand le Shen (amour, lumière) brille dans les yeux, c’est signe de bonne santé. » Les Égyptiens, lors de la pesée des cœurs, « pesaient » la lumière que la personne, durant sa vie terrestre, avait réussi à racheter, à arracher à ses propres ténèbres, et faisait rayonner autour d’elle. On pèse la qualité humaine, extraite des ténèbres, acquise par la traversée des épreuves. On pèse notre ombre transformée en lumière. On fête la délivrance de la lumière de l’opacité qui l’enfermait. Pour les anciennes médecines, la santé est bien plus qu’un état physique ou même psychologique, elle est spirituelle.
Parfois, par miracle, sur le roc fleurit la pivoine. Il y a l’éveil du cœur. Alors, ça rayonne par contamination, par résonance, par pollinisation. Dans la vie spirituelle, il n’y a pas d’acquisition, mais un dépouillement.
Dénudation. Un refus de se mentir.

• À ce jour, que désireriez-vous transmettre ?
Ce feu, le feu de l’Esprit, ce feu transformateur, ce feu d’Amour, rien que ce feu... qui œuvre et éclaire, chauffe et éveille. Ce feu purifie et unifie, renouvelle et libère. Il dynamise mes stages et les soins, il me guide en famille, il sous-tend parole et silence. Éveiller le secret du cœur était la vocation des thérapeutes sumériens. Rendre vivant le cœur. J’aime raviver en chacun ce feu, souffler sur les braises. Allumer les réverbères. Comment ? En faisant feu de tout bois, en toute situation. Seul ce feu de l’Esprit nous rend vivants. Il entre dans notre vie par effraction, par bifurcation, par surprise.
J’aime la relation d’âme à âme, de cœur à cœur, où l’on sent palpiter ce feu. Je ne veux plus transmettre un savoir universitaire. Impossible d’enseigner ce que j’aimerais transmettre, je ne peux que donner envie de communier à un secret qui m’échappe. J’aime bousculer et questionner, pour débusquer et traquer ce Feu. Le faire respirer, le faire circuler en chaque situation. Crier qu’il n’y a pas d’amour perdu.

• À la lumière de votre expérience, que vous inspire cette déclaration : « Nous sommes tous des compagnons de voyage » ?
Tout changement collectif commence par une transformation individuelle. Et chaque changement individuel rejaillit sur toute la communauté humaine. « On ne peut pas cueillir une fleur sans déranger une étoile », constate l’astrophysicien Thomson. La singularité irremplaçable de chaque être s’enracine dans sa double polarité, son double amarrage. C’est un travail d’individuation, une Co-Naissance. Avec une co-responsabilité mutuelle envers chaque polarité. L’ange dit : « Séparément nous ne pouvons rien. Notre chemin est devenu un, ou nous périssons avec vous, ou nous nous purifions avec vous » (E. 42).
Le voyageur devient Pont entre le monde créateur et le monde créé, s’il accomplit sa Tâche individuelle. Nous voyageons dans le même train, même si certains arpentent le couloir à l’envers. Quand nous découvrons que notre origine et notre destination individuelle et communautaire sont les mêmes, nous devenons compagnons et frères. Ce voyage nous rend compagnons dans une relation d’accueil et d’écoute, pour œuvrer ensemble. Est-ce que notre destination s’appelle l’Éveil, la Parousie, l’Apocatastase, la Délivrance, la Résurrection, le Simorgh, le Second Avènement, l’Instant Présent, le Pur Amour, la Présence ? À chacun de l’appeler selon le cri de son cœur. Les qualités, ou « valeurs », comme la liberté, la joie sont les fruits que le voyage enfante. À partager.


Gitta_Mallasz_Faire_part_1_small.jpg(1) Margit Eugénia Mallász dite Gitta Mallász ou en France Gitta Mallasz, née le 21 juin 1907 à Ljubljana et décédée le 25 mai 1992 à Tartaras, s'est fait connaître par la publication du livre Dialogues avec l'ange dont elle se disait être le « scribe ». Elle a assisté à tous les entretiens, les a pris en notes, a contribué à leur traduction, a conçu le livre, a travaillé sans relâche à sa diffusion, mais n’en est pas l’auteur. "Ce n’est ni fiction, ni journalisme, ni littérature ». Ils sont la transcription d’un message reçu d’une « autre dimension » par les quatre messagers : Hanna, Joseph, Lili et Gitta.

(2) (E.13/L.) signifie : Entretien 13 avec Lili. Les entretiens cités par M. Kardos sont précisés entre parenthèses pour permettre de se référer plus facilement au livre Dialogues avec l’ange.

41SubGIVDbL._SX305_BO1_204_203_200_.jpgDialogues avec l'ange - (Edition intégrale, Aubier, Paris, 1990).
C'est un livre déroutant, dérangeant pour certains. Une somme philosophico-mystique de 400 pages, récit d'une expérience spirituelle extrême vécue par un petit groupe d'artistes hongrois, en pleine Seconde Guerre mondiale. Ils sont quatre en 1943, à Budapest, dans la tourmente de cette Hongrie qui devient «un balcon de l'enfer» avec la déportation de milliers de juifs. Quatre amis trentenaires, Gitta, Hanna, Lili et Joseph, dont une seule, Gitta la catholique, survivra à la guerre (les autres périront dans les camps nazis) et transmettra leur histoire, leur message : une rencontre avec un «maître intérieur», un ange ou messager divin qui, pendant dix-sept mois, leur a parlé. De l'homme, de l'Univers, de la lumière, de la mort, du ciel et de la Terre...
C'est en 1976 que, pour la première fois, Gitta Mallasz fera éditer ce récit, vendu à près de 500 000 exemplaires en France et traduit dans 15 langues. (L'Express du 5 avril 2007)

Avenir-plat1.jpgPour lire le témoignage au complet de Marguerite Kardos, (page 165), dans L'avenir est en nous de Marie Clainchard - Ed. Dangles - mars 2014, sans oublier les témoignages de 42 autres aventuriers de l'existence…
Ces témoignages vont raviver votre propre flamme, éveiller ou réveiller en vous l'aventurier, l'inventeur, le sage et le poète. Ils vous permettront de vous affranchir de certains conditionnements pour réinventer d'autres possibles, réorienter votre regard et vous laisser emporter dans le courant de la vie et de la créativité. - 310 pages - 20€.

Adda-Forum-104-300x246.jpgL’association ADDA dont Marguerite Kardos est présidente, organise à Paris des rencontres mensuelles animées par Marguerite Kardos pour faire connaître et approfondir l’enseignement spirituel des Dialogues avec l’ange et pour aider les participants à le vivre au quotidien.
La lecture de passages du livre à tour de rôle est suivie, entre tâtonnement et jubilation, d’un partage des questionnements et des résonances du texte avec l’expérience de chacun. L’enseignement des anges ouvre de nouveaux yeux et de nouvelles oreilles donnant accès à l’inconnu de nous-mêmes.
Une fois par mois, le jeudi de 19h45 à 22h, au Forum 104, 104 rue de Vaugirard, 75006 Paris. ==> En 2015 : 17 septembre, 15 octobre, 19 novembre, 17 décembre
==> En 2016 : 14 janvier, 11 février, 10 mars, 14 avril, 26 mai, 23 juin

Marguerite Kardos, animera au printemps 2016 un stage autour des Dialogues avec l’ange à l’ancienne Chartreuse de Pierre Chatel (Ain), dans le cadre de l’association « A ciel ouvert » : Matière-Lumière, calligraphie coréenne et Qi Gong, avec Bang Hai Ja et Dorothée Keller. Du 24 au 29 avril 2016.

Pour plus de renseignements : http://ad-dialoguesange.org