Toute âme ayant brisé la prison où la peur d'être aimée l'enferme
Est sur le monde comme un grand vent, une insurrection d'écume et de sel
Une haute parole de vie dans et contre le corps éphémère.
Tout est vie, et plus encore à la fin quand se fend l'écale du corps
Sous la véhémence de l'âme ne tolérant plus d'être toujours en sevrage :
C'est alors non le corps qui pourrit, mais le bulbe d'une invisible jacinthe
Qui monte dans l'humilité triomphale comme une grappe de cieux superposés.
Je te laisse, dit Dieu. Tu es heureux. Je te laisse car tu es certain. Toi, premier sauvé de Babel, non par vertu singulière
Mais simplement parce que tu aimes.

Pour Pierre Émmanuel, "Un poète : un homme qui prend chaque mot
dans sa plénitude,
qui met sa vie dans ses mots
et ses mots dans sa vie.

  • Noël Mathieu, plus connu sous le pseudonyme Pierre Emmanuel, né le 3 mai 1916 à Gan (Pyrénées-Atlantiques), mort le 22 septembre 1984 à Paris, est un poète français. Souvent perçu, par extrapolation, comme un poète d'inspiration chrétienne.… Si Dieu est pour lui une certitude (cf. Tu), Pierre Emmanuel refuse pourtant d’être considéré comme un « poète chrétien » et que sa poésie soit subordonnée à un dogme ou à une tradition. De plus en plus il s’intéresse aux religions orientales. En témoignent Sophia et surtout Le grand œuvre, sa dernière cosmogonie. Un nouveau regard sur la femme y est développé, né en partie de la « saison en enfer » dont le Livre de l’homme et de la femme est l'écho.

Le poème cité ci-dessus est tiré du livre de François Cheng, "De l'âme" Ed. Albin Michel, page 27.

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