Propos recueillis par Elisabeth Marshall et Anne-Laure Filhol pour le magazine « La Vie » (01/10/2013)
Dans son dernier livre, Plaidoyer pour l'altruisme, la force de la bienveillance (Editions du Nil), Matthieu Ricard explore les différentes facettes de l'amour, de l'empathie à la compassion, de l'oubli de ses propres intérêts au don de soi. D'après le moine bouddhiste, nous avons tous ce potentiel d'amour altruiste en nous, telle « une pépite d'or » enfouie et parfois ignorée. Ses conseils pour la faire fructifier.
1. Cultiver l'amour altruiste
Nous avons tous ce potentiel altruiste en nous, comme un pauvre qui a une pépite d'or enfouie juste là sous sa cabane et qui l'ignore. L'amour et la compassion se cultivent. On devrait l'enseigner dans les écoles de médecine !
2. Dépasser l'émotion
L'empathie sans le discernement et la connaissance, est comme une pompe électrique à eau... sans eau : elle brûle. En cultivant l'amour, on peut sortir de l'émotion qui fait mal, être une personne au grand coeur sans souffrir. Pour cela, il faut faire la distinction en soi entre altruisme, compassion et empathie. Lorsque la bienveillance inconditionnelle est confrontée à la souffrance, donc alertée par l'empathie, cela devient de la compassion.
3. Développer bienveillance et sagesse
La première chose est de travailler à développer en soi une bienveillance et une sagesse qui ne se troublent pas parce que l'autre ne se comporte pas selon vos plans ou que le projet n'avance pas assez vite. Sans amour et sans sagesse, l'action humanitaire ne mène à rien.
4. Chercher le remède à la souffrance
Aimer un oppresseur n'est pas excuser ses comportements ni faciliter ses actes funestes, c'est souhaiter du fond du cœur que la haine, l'indifférence, la cruauté qui font de lui un dictateur cessent d'être. La compassion consiste à remédier aux causes de la souffrance, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient.
5. Développer la coopération
Nous sommes arrivés à l'âge de la coopération où la croissance de l'altruisme devient une nécessité, dans notre vie personnelle comme pour la société ou l'environnement. Pour que la vie soit harmonieuse en ville comme dans une entreprise, rien ne peut fonctionner sans coopération. L’altruisme est ce fil d'ariane qui permet de relier le court terme de la prospérité, le moyen terme de l'épanouissement d'une vie et le long terme de l'environnement et, sur un plan plus profond et spirituel, de se relier à Dieu ou à la nature de Bouddha.
Il faut oser dire qu'on doit enseigner l'altruisme dans les écoles, de façon purement laïque, qu'on peut l'introduire dans l'économie, qu'il ne s'agit pas d'une utopie naïve.
==> Pour aller plus loin :
Avec le sens de la pédagogie qui le caractérise et toujours en s’appuyant sur des exemples très concrets, Matthieu Ricard démontre point par point que l’altruisme n’est ni une utopie ni un vœu pieux, mais une nécessité, voire une urgence.
Livre « Plaidoyer pour l’altruisme » Ed. Nil – 23,00 € - 19/9/13 -