arton189.jpgEmmanuel Ransford est conférencier, auteur et chercheur indépendant. Il s'intéresse aux fondements de la physique contemporaine et, plus particulièrement, aux comportements si étranges des systèmes quantiques qu'il cherche à comprendre. Son idée directrice est que l'étrangeté des quanta s'explique par la présence d'une dimension non-physique dans la matière, qui devient alors l'holomatière. Cette hypothèse audacieuse débouche sur la notion de conscience quantique, qu'il présente dans son ouvrage, intitulé LA CONSCIENCE QUANTIQUE ET L'AU-DELA (Ed. Trédaniel) (1).

Emmanuel Ransford, comment vous présenteriez-vous ?

Quel genre de personne suis-je ? Pour me présenter en quelques mots, je dirais que je suis avant tout motivé par ce qu’on peut nommer la « recherche du sens ». Je m’interroge en permanence sur le pourquoi et le comment des choses. Je cherche des bribes de réponse en m’appuyant sur la science et sur ses remarquables acquis. La physique quantique m’a particulièrement attiré, car elle sonde l’intimité ultime de la matière, à l’échelle microscopique. En plus, elle soulève de difficiles problèmes de compréhension, qui constituent de redoutables défis : c’est très stimulant pour l’esprit !

Avez-vous vécu une expérience déterminante qui a modifié, changé votre parcours de vie ? Cette expérience vous a-t-elle amené à prendre des décisions qui orientent encore votre vie ?

Je n’ai personnellement vécu aucune de ces expériences fortes et extraordinaires qui peuvent changer le cours d’une vie. Je n’ai pas eu cette chance. Cependant, c’est l’expérience quotidienne d’une enfance et d’une adolescence pas très heureuses qui a motivé ma recherche et mon orientation de vie : je ne pouvais accepter les choses telles qu’elles sont. J’avais besoin de comprendre. Si rien n’avait de sens, alors autant se suicider ! Il me fallait trouver un sens à l’existence – ce fut en quelque sorte pour moi, à une certaine période, une vraie question de vie ou de mort.
Avoir une enfance ou une adolescence difficile est sans doute assez banal. L’important à mes yeux était de faire de cet obstacle, une opportunité – pour grandir, pour aller plus loin, pour apporter quelque chose d’utile aux autres. Apporter quelque chose : cela consistait pour moi à proposer une certaine lecture inédite de la science. Cela donnait du sens à mes souffrances !
Depuis toujours, je « lis » et j’aborde la science et ses savoirs avec l’idée que, derrière la réalité matérielle et palpable qui nous est directement perceptible, une autre réalité plus discrète et plus subtile existe, et qui est néanmoins en dialogue avec elle.
Autrement dit, ces deux réalités – l’une palpable et l’autre subtile – peuvent interagir. Si c’est vrai, alors la science a pour vocation de saisir leurs interactions et leur fonctionnement. Et c’est en cela qu’elle m’a intéressé.
La réalité subtile se cache dans l’intimité de la matière, à l’échelle microscopique : elle concerne directement la physique quantique. D’ailleurs, la science l’a, selon moi, déjà rencontrée ; mais elle n’a pas encore su l’identifier pour ce qu’elle est. Cette réalité intangible mais parfois agissante serait à la racine des graves problèmes de compréhension qui « plombent » la physique quantique depuis qu’elle existe. Ils durent depuis près d’un siècle déjà.
La physique contemporaine, en ignorant l’existence de ce double, invisible du monde visible, qu’est sa dimension subtile et cachée, ne peut pas comprendre. Elle se piège elle-même dans de faux problèmes de compréhension. Faux, mais redoutables – car sans la pièce maîtresse d’un puzzle, on ne peut pas le reconstituer !

Quelle est votre vision du monde actuel ?

Il y a évidemment plusieurs réponses partielles à cette question. Du côté de la science, je suis résolument optimiste, car elle fait de formidables découvertes aujourd’hui. Des moyens colossaux sont mis à sa disposition, comme jamais auparavant. Je pense qu’un jour, elle débordera des ornières du matérialisme, que ce soit en physique ou en neuroscience notamment. Elle ne peut rester prisonnière d’une idéologie, quelle qu’elle soit, sans aller tôt ou tard vers un mur. Mais on peut lui faire confiance : face à un mur, elle sait se remettre en cause pour ensuite le contourner ou le dépasser.
La science s’ouvrira à ce qui n’est ni palpable, ni mesurable, ni dur, ni solide. D’ailleurs, elle s’est déjà engagée sur cette voie qui bouscule nos repères habituels. L’enjeu pour elle, j’en suis intimement persuadé, est de faire entrer la conscience de plein pied dans sa compréhension de l’univers. C’est ce que ma notion d’holomatière (baptisée aussi psychomatière, tout à la fois matière et esprit ) tente de faire, en conformité avec les acquis de la science quantique.
Pour le reste, je suis un peu critique de nos sociétés individualistes, nos sociétés de l’avoir plutôt que de l’être, où le lien social est affaibli, où les valeurs de partage et d’entraide sont un peu oubliées. On ne fait même plus assez d’enfants pour empêcher le vieillissement de la population ! (Une femme ne contribue au renouvellement des générations qu’à partir de son troisième enfant ; la plupart, aujourd’hui, se limitent à deux voire moins.) Il y a là un vrai problème. Il est préoccupant pour l’avenir mais on n’en parle jamais : est-ce un sujet tabou ? Aucune société humaine ne peut se maintenir durablement en bonne santé –économique et sociale – si sa population vieillit. Surtout quand cela se passe aussi rapidement dans des pays tel le Japon, la Russie, l’Allemagne et l’Italie !
La dénatalité actuelle du monde industrialisé est sans précédent historique. Il est comme un nuage sombre et menaçant sur notre avenir collectif. Ce n’est pas en prenant la voie du vieillissement accéléré que nous préparons un monde meilleur… Évidemment, il s’ajoute à cela les menaces qui pèsent sur l’équilibre écologique de la planète. La pollution et le réchauffement climatique montrent que nous l’avons rompu. Fort heureusement, on constate aujourd’hui une vraie prise de conscience de la part de l’opinion publique. Tous les espoirs sont donc permis, et l’on peut souhaiter que des solutions efficaces émergeront bientôt.
Au total, j’ai donc une vision contrastée et mitigée du monde actuel car, je le crains, nous sommes trop préoccupés par le court terme et pas assez par le plus long terme, dont nous mesurons mal les enjeux et les dangers. C’est dommage car, de ce fait, nous ne cherchons pas à rectifier les mauvaises tendances qui se dessinent !
Heureusement, il y a aussi de très belles âmes qui font chaud au cœur. Il y a tant de belles choses qui se passent autour de nous et donnent des raisons d’espérer. Quand, par exemple, une catastrophe naturelle frappe une région du globe, une magnifique énergie d’entraide et de générosité se mobilise aussitôt dans nos rangs.

Quelles sont les valeurs auxquelles vous êtes attaché ? De quelles manières les rendez-vous vivantes ?

Je suis attaché aux valeurs de la vie et de la tolérance. Le progrès des cœurs et des esprits se nourrit de tolérance. C’est pour moi une valeur humaniste essentielle. Pour la vie, je crains que nos sociétés « dénatalistes » et vieillissantes aient un peu perdu cette valeur très concrète. Les civilisations sont certes mortelles, mais elles pourraient s’offrir le luxe de ne pas mourir de vieillesse. Elles peuvent choisir la jeunesse !
Choisir la vie, c’est choisir de donner la vie, avec générosité. Cette générosité, d’ailleurs, n’a pas besoin d’être excessive dans le monde industrialisé. Elle concerne le troisième enfant : il ne s’agit pas de retourner aux familles de dix enfants du temps jadis ! Dans nos sociétés nanties, le don de la vie est en panne comme il ne l’a jamais été. C’est curieux et inquiétant. Il me paraît urgent de lancer un débat public sur ce point, et d’envisager des solutions pour que notre futur ait de l’avenir…
Une fois encore, c’est ma longue expérience d’une enfance malheureuse qui a orienté ma vie en direction de ce genre de spéculations pas très concrètes et aux maigres retombées financières. Ma recherche du sens des choses de ce monde avait pour moi une valeur thérapeutique au départ. La science a nourri et guidé mes réflexions, mais je crois qu’elle n’aura jamais le dernier mot sur ces questions qui dépassent ses compétences.

À ce jour, que désireriez-vous transmettre ?

Je désire, d’abord, transmettre une autre vision de la science. Une science qui ne serait réellement inféodée à aucune idéologie particulière – ni au matérialisme ni à son contraire. Une science rigoureuse et ouverte, qui ne confondrait pas certitude, vérité provisoire et hypothèse. Une science d’audace et de progrès, une science non élitiste qui saurait se mettre à la portée du plus grand nombre.
Ensuite, je souhaiterais contribuer à notre prise de conscience plus forte du rôle de la femme, qui a évolué considérablement dans nos sociétés et demande peut-être des mesures ciblées. Par exemple, on n’a peut-être pas suffisamment pris en compte le fait que les femmes engagées dans la vie professionnelle doivent jongler entre leur carrière et leur rôle de mère. Rien n’est fait, ou si peu, pour leur faciliter la tâche. Jadis, il y avait des cultes de la fécondité, qui étaient un moyen de protéger et d’honorer la femme. Aujourd’hui, il n’y a plus rien de tel. La femme est traitée à l’égal de l’homme, alors que dans le concret elle assume beaucoup plus de choses.
Enfin, je désire transmettre les fruits de ma recherche, qui est basée sur la notion d’holomatière (je l’appelle aussi la psychomatière). C’est pourquoi j’écris des livres à ce sujet.

À la lumière de votre expérience, que vous inspire cette déclaration : « Nous sommes tous des compagnons de voyage » ?

Cette déclaration est très belle. En premier, j’entends que nous sommes tous embarqués dans un même voyage éphémère, celui de l’existence. Cela peut nous inciter à cultiver le non-attachement, à la manière des bouddhistes. Pourquoi nous prendre au sérieux ? Dans cette aventure, ne sommes-nous pas tous sur un pied d’égalité ? D’ailleurs, ne nous suffit-il pas de contempler un ciel étoilé, ou l’infini de l’océan, pour éprouver combien nous sommes dérisoires et petits ?
Ensuite cette phrase est un rappel implicite du partage et de la solidarité qui devraient toujours être présents de façon très concrète, afin d’agrémenter et d’embellir la condition humaine que nous vivons en commun.
La solidarité en conscience est la clef d’un monde meilleur, que nous appelons tous de nos vœux. La solidarité, c’est aussi celle du don généreux de la vie : nous voici ramenés au problème démographique !
« Oui, nous sommes tous des compagnons de voyage. » Un voyage qui nous invite à nous détacher des illusions d’un présent qui déjà n’est plus. Il est un mouvement vers un futur inconnu. Il est la vie, car la vie, c’est la vie en marche. Elle est une dynamique puissante qui ne s’arrête jamais.

978_2_8132_0553_7_UNE_185_274_1358236353.jpg(1) La conscience quantique et l'au-delà, paru aux éditions Trédaniel en 2013, Dans cet ouvrage, Emmanuel Ransford se posent les questions : Qui sommes-nous, et que restera-t-il de nous après notre brève existence terrestre¬? Où sont nos chers disparus, et pouvons-nous communiquer avec eux¬? Y a-t-il un au-delà, et avons-nous une âme promise à la vie éternelle¬?
De nombreuses réponses sont offertes à ces questions cruciales. Cependant, la plupart restent purement arbitraires et subjectives. L’auteur tente d’aller plus loin. Pour cela, il propose un éclairage inédit sur l’au-delà et l’immortalité. Son approche, originale et innovante, s’appuie sur la science contemporaine.

Cet essai, clair et accessible à tous, nous invite à explorer les profondeurs du réel. Il pose que l’invisible existe et qu’il se manifeste dans l’atome et dans l’électron. Cette hypothèse conduit à la notion d’holomatière, qui est présentée.
L’auteur montre alors que la conscience cérébrale s’enracine dans la réalité quantique. Nous découvrirons que cette conscience quantique rend plausible l’immortalité de l’âme. Elle fait de nous des géants de l’invisible aux pouvoirs insoupçonnés.

Ainsi la vie serait plus, beaucoup plus, qu’un passage terrestre absurde et sans lendemain¬ : tel est le réconfortant message qui émerge de cet ouvrage.

LA CONSCIENCE QUANTIQUE ET L'AU-DELA, éditions Trédaniel - 2013 - 361 pages - 23€